Loulou et Zezette font du camping...
Chuseok oblige,
(pour les ignares, Chuseok c'est les seuls et uniques 3 jours du calendrier coréen ou l'autochtone ne fait rien mais alors strictement rien), James et moi on s'est dit, tiens pourquoi pas aller camper.
Histoire de voir si ma tente à 14000 Wons (9 E) tout juste achetée pour l'occasion ferait de nous de vrais trappeurs.
Déguisés en Davy Crocket, nous voila donc sur le pied de guerre, sardines en bandoulière et réchaud de compète accroché au flanc. A nous les grands espaces, le calme, la mer et rien que nous devant, à vous faire une bulle de la taille d'une montgolfière.
Pour se rendre à notre petit paradis à nous, rien que pour nous, on doit prendre un bus inter-city et le bus inter- city, c'est déjà un poème en soi.
Les mamies qui mâchouillent leurs bouts d'algues (le fumet est violent) et leurs lamelles de poulpes des le matin (la il faut savoir appeler un chat un chat, ça pue carrément), le chauffeur qui s'éclate sur le dernier tube de " la chance aux chansons " coréenne en se tortillant comme un métronome sur son siège, plus le décor kitchissime, moi j'aime. Plus local tu meurs.
Donc disais-je, une heure de bus inter-city, c'est du Prozac concentré. A vous faire voir la vie avec des étoiles autour.
Quand y'en a vraiment plus dedans.
Nous voila donc à zieuter la route en reluquant nos gamelles qui roulent dans tous les sens, complètement hypnotisés par le bleu des sièges (en Corée on aime les feux d'artifice).
Changement de bus à la capitale de notre île, Jeju la bien nommée, et l'occasion d'aller se taper une graine (de soja) dans un restau encore plus couleur locale.
Car on ne voit pas vraiment l'intérêt d'allumer le réchaud sur le trottoir.
Et pour du local, on n'est pas déçus !!!
Évidemment comme ça, on se bousculerait pas au portillon, mais on nous l'a assuré, ce gourbit est LE restaurant ou IL FAUT absolument aller.
Ni une ni deux, on pénètre l'antre odorant.
Entre le papy à ma droite qui engloutit son poisson cru sanguignolant à la louche et les joyeux drilles qui s'envoient leurs abats (de quoi, je ne saurais jamais), je commence à saisir la possibilité du cauchemar, quand arrive ceci :
Raviolis de porc à la ciboulette fait maison mijotés dans une soupe crémeuse au sésame et aux lardons !
J'en ai les papilles toutes retournées.
Un pur et divin régal, que concocte chaque jour une mamie sans âge et pleine de rhumatismes.
Un miracle.
Et ça vaut franchement le coup de supporter ceux qui crachouillent dans leurs mixtures aux alentours.
James est pas trop mal lotit non plus avec son porc au herbes et aux nouilles faites maison.
Le tout accompagné de 5 accompagnements tous plus délicieux les uns que les autres : légumes au vinaigre, kimchi, champignons parfumes etc...
Coût total de l'arrêt buffet : 5 E pour 2.
Ça commence bien la vie de trappeur.
Allez zou une deuxième charrette à secousses (le bus) et nous voila enfin arrivés...
A Hamdeok beach sur la cote nord de l'île.
Ce qu'il y a de bien c'est qu'en Corée le camping c'est gratuit.
Non seulement les aires se trouvent aux plus beaux endroits (notamment en bord de mer) mais en plus pour le même prix (gratos) on a des sanitaires et vraiment pas foule.
Un peu comme du camping sauvage légal.
On monte la tente et hop hop hop barbatruc, repérage des lieux :
(Et même qu'on s'emmêle même pas les pinceaux une minute pour monter notre nouvelle maison, on est des pros !)
On installe la tente juste devant ceci :
La preuve en image :
Comme un (amour ) d'ami coréen a eu la brillantissime idée de venir passer la première nuit avec nous, on profitera de sa douche d'hôtel juste en face de la plage.
La c'est du luxe, mais bon faut y aller progressif parce que du camping j'en ai pas fait depuis 20 ans !
Après 1 nuit (et un super repas au chinois à 3 E par pers), nous voila fins prêts pour d'autres aventures.
C'est que on y prend goût.
Re-char à secousses (bus) et hop hop hop Barbalala, nous voici dans un autre petit coin pas piqué des vers (à soie) :
Plage de Hyopjae sur la cote Ouest :
Et re-belotte, le montage de tente des es-campeurs, et re-belotte les doigts de pieds en éventail, parce que quand même on est pas la pour rire...
Et le soir, vraiment pas besoin de télé.
Qui préférerait " Question pour un champion " à ça ?
Le lendemain on se décerne mutuellement le prix des meilleurs campeurs de l'Ouest (voir du Nord et de l'Est), et puisque on aperçoit une autre petite île au large, on décide illico d'aller y faire tremper nos palmes.
Taxi et 15 mns de traversée bateau bucolique, les cheveux flottant au vent, whouaou whouaou, nous voila arrivés sur la micro-ile de Biyangdo, le pays des récolteurs d'algues et du Pomanjuk (la grande spécialité locale).
Une 50 aine d'habitants vivent ici dans la plus paisible des îles qui soient.
Le cris des cormorans est la seule nuisance sonore reconnue.
Même pas de radios ni de TV audibles, par contre le vent du large à l'infini et le chaleureux sourire des quelques îliens paraissant sortir d'un film.
Biyangdo, c'est la bosse au fond :
Biyangdo c'est donc le pays du Pomanjuk, mais quelle est encore cette coree-annerie très très étrange.
En Corée chaque île a sa spécialité en terme de popote à elle,
Un peu comme les andouilles à Vires, et le cassoulet a Castelnaudary en imaginant que Vires et Castenau soient 2 îles, vous suivez ?
Évidemment on se rue vers le Pomanjuk, présenté comme la 7 ème merveille du pays d'Asie.
Pour se faire on va dans un restau local.
C'est qu'on avait pas encore compris que dans le local, il pouvait y avoir du encore plus local.
En gros, imaginez un cube peint en jaune à l'intérieur, peint en rien à l'extérieur.
Une photo jaunie de poisson (de traviole) au mur, une forte décomposition due au salpêtre et nous au milieu à réclamer notre Pomanjuk.
Enfin après pas mal de temps à se lamenter sur notre sort et la vétusté des lieux, la ragougnasse arrive.
Alors le Pomanjuk c'est paraît-il de l'escargot de mer mijoté dans un riz gluant.
Le problème c'est que c'est tout vert !
Genre fiente de canard pour les connaisseurs.
Et le Pomanjuk ça se sert à la bassine, oui pas moins d'un kilo de riz par tête de pipe !
Autre particularité c'est bouillant et ça ne refroidit pas !!!!
Incroyable, jamais vu un tel phénomène.
Le pire c'est qu'autour ça se pourlèche les babines pendant que moi je me mets en mode méthode coué :
1. ça se mange
2. C'est bon pour la santé
3. Ça fait des lustres que d'autres humains en mangent alors pourquoi pas toi.
Rien n'y fait. Je chipote à coup de baguette et je déclare forfait au bout de la 5 ème bouchée.
Ma faculté d'intégration a des limites.
Le Pomanjuk, il faut être de Biyangdo pour aimer ça.
Ici pas de photos car je crain que le visiteur, Oh combien cheri, ne fiche le camps de ce blog pour ne jamais y revenir...
Bref retenons l'essentiel de ces 2 jours de camping :
- Une tente achetée 9 E peut s'avérer etre un bon investissement.
- Le Pomanjuk, c'est tres bon si t'es de Biyangdo, pour les autres, c'est un copieux vomitif.
- Décidément nous n'échangerions pas notre baril de vie insulaire coréenne contre 2 barils de vie à la francaise.