Le bulgogi...

Pour vous donner une image, en Corée cette recette c'est un peu une Tour Eiffel ou un Sacré-Coeur comestible,
c'est L'icone avec un " I " de 3 mètres de haut de la cuisine coréenne. Pour un peu on écrirait son nom sur le drapeau national.
La star, le must, l'incontournable, quoi...

En France ou ailleurs j'ai pu constaté à quel point cette délectissime préparation était erronée, sabotée, pire concoctée complètement à côté de la plaque du fourneau. Et servi à un prix qui ferait tomber en apoplexie toutes les Madames Kim de Corée ( Et ça fait du monde !).

Alors pour la recette vous avez 3 solutions :
- Vous tachez de trouver une Madame Kim qui s'est exportée, et vous lui envoyez des fleurs jusqu'à qu'elle accepte de venir vous le faire à la maison.
- Vous perdez 1.5 de dioptrie visuelle à force de vous esquinter les yeux sur le Net à la recherche de la vraie recette (il y en a des centaines).
- Vous suivez à la lettre le mode d'emploi de Tatie Barbara.

L'heure est donc venue de rétablir la mémoire du Bulgogi.
Alors pour les ignardesques, reprenons tout du début. Bulgogi, littéralement ça veut dire "Viande au feu " donc à chaque fois qu'on vous le présentera sous forme de soupe avec une viande complètement détrempée (la spécialité de beaucoup de restaus parisiens), vous pourrez faire une décente en cuisine et leur hurler de ma part qu'ils sont en dessous de tout, car certes si c'est plus facile ainsi, c'est la honte totale pour eux.

Soyons clair, pas une ménagère normalement constituée ne vous servirait cette ragougnasse infâme en Corée sans faire une dépression.
De mémoire, il n'y en a pas une depuis l'epoque Joseong qui s'est risqué à le faire.
C'est simple une soupe de boeuf à la place d'un bulgogi, ça vous envoit la jeune mariée dans un trou à rats d'ou elle n'osera sûrement pas sortir avant quelques décennies...
Un peu comme une omelette norvegienne sans oeufs, ou un bourguignon au poulet pour vous situer l'énormité.

Mais pourquoi qu'est-ce, une soupe ? Dans une soupe, on vous collera n'importe quelle merdouille en forme de viande bouillie, c'est facile et c'est économique. Tout passe !
Le jus (eau+sauce soja), on peut pas dire que ce soit ruineux non plus.

Bon revenons à la seule, l'unique et la légendaire recette du Bulgogi.
Essayez et revenez me dire votre avis. Vous verrez le mot " tuerie" a été inventé pour ce plat.

Alors pour faire un bon bulgogi à vous rouler par terre, il vous faut :

(Si vous êtes 4, faites le pour 6, car il y a de fortes chances pour que vos voisins se pointent à l'heure de l'apéro lorsqu'ils sentiront le fumet qui s'échappera de votre cuisine.)

Pour 4 donc, plus les voisins gloutons :

1.200 kilo de boeuf très persillée (persillé ça veut dire avec pas mal de marbrures de gras, pas avec du persil !).
Vous demanderez au gentil boucher de vous couper tout ça en carpaccio, au prix que ça coûte, il pourra bien faire ça, et si il veut pas, changez de crémerie.

6 cuillères à soupe de sauce soja

2 belles poires bien mures

1 cuillère à soupe de graines de sésame

Sel/poivre

1 petite botte d'oignons de printemps ou a défaut 3 poireaux

10 brins de ciboulette plate ou a défaut de ciboulette normale

2 belles carottes

2 belles courgettes

1 oignon

1 belle laitue

500 grs de riz

6 cuillères à soupe d'huile de sésame

Pour l'apéro : 2 bouteilles de soju pour les chanceux qui arriveront à en trouver, sinon un vin rouge très corsé et fort en alcool genre Sidi Brahim ou médoc.

Ingrédients optionnels pour ceux qui veulent le grand jeu :
(C'est at dire les "banshan" ou plats d'accompagnement.)

200 grs de pouce de soja frais, 200 grs d'épinards en branche, 200 gr de concombre, 200 grs de kimchi. Un peu de poudre de piment.

Préparation :
Ce plat se prépare la veille du jour J. On concocte alors la marinade :
Dans un plat creux on dispose la viande, puis les 6 cuillerées de sauce soja, puis les 2 poires râpées (comme des carottes !).
Puis tous les autres ingrédients (légumes) coupés en lamelles fines.
On sale on poivre, on mélange, on rajoute un verre d'eau et on laisse reposer toute une nuit dan un endroit frais mais surtout pas au frigo, recouvert d'un torchon propre.

Le lendemain, vous faites revenir le tout dans un wok, sur une pierrade ou dans un fait-tout, au pire une poêle. Lorsque que la viande sera saisie et qu'elle commencera à sentir le caramel (à cause de la poire), c'est prêt.
Faites reposer pendant 2 heures.

Détacher une à une et lavez vos feuilles de laitue. Disposez-les dans un joli plat.

Pour les banshans éventuels, ébouillantez le soja et les épinards séparément.
Disposez les dans des coupelles séparées avec un peu d'huile de sésame.

Couper le concombre en morceaux assez épais, ajoutez-y une pincée de poudre de piment et hop le tout dans une coupelle.
Mettez le kimchi dans une dernière coupelle.

Pendant l'apero (au soju ou au vin rouge )
Faites cuire votre riz que vous servirez individuellement dans des bols.

Disposez votre huile de sésame dans une coupelle.

Mettez le couvert avec de petites assiettes à dessert, des baguettes (en inox pour les puristes) et le bol de riz pour chacun.
Faites réchauffer votre bulgogi doucement après y avoir ajouté encore 1 verre d'eau.
Vous ne devez pas obtenir une soupe ! mais une préparation compacte avec beaucoup de jus.
Parsemez de graines de sésame.

A table !!!

On met un peu de bulgogi dans une feuille de salade sur un peu de riz, on roule, on trempe dans l'huile de sésame et on mange.
On n'oublie pas de se servir régulièrement un verre de soju ou de vin à la santé de Tatie Barbara !

Mon conseil : attendez d'avoir les moyens de vous offrir un bon kilo de viande de boeuf de chez Mr le boucher.
Et je sais c'est pas donné, mais de la qualité de votre viande dépend toute la recette.
Le persillé de la viande est très important, c'est la molécule de gras qui transmet le fondant et le goût à vos papilles, un peu comme pour le boeuf japonais de Kobe qui est hyper gras.
Et si il y a une Madame Kim dans le coin, invitez-la, ça lui fera plaisir !

Recette 2 : le bulgogi

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