Mon pizzaiolo, c'est pas du pipeau !
Si je disais que les meilleures pizzas de ma vie je les mange ici en Corée, y-aurait de quoi se demander si j'ai pas salement abusé du pinard, du soju et du piccantino, voir des 3 à la fois.
De quoi en somme faire faire des saltos à ma grand-mère dans sa tombe... Moi, dont le nom de famille signifie le nom de la monnaie florentine du 15 ème siècle.
Mamas du Piemont, du Mezzo-giorno et de la Calabre réunies, allez toutes vous coucher ! Plus qu'à vous recycler dans la maçonnerie ou la philatélie.
Car ici se trouve une concurrence à faire frétiller menu le sac de farine moyen et bouillonner de plaisir votre coulis de tomate fait-maison sans colorants ni conservateurs.
Mais quoi qu'est-ce ? un coréen qui manierait le four à pain mieux que la plupart des restos ritalos, et même que moi-même (et c'est pas rien), qui me targue en une seule pizza de vous faire oublier à jamais la monstruosité du surgelé ?
(Quiconque n'a jamais goûté ma recette héritée de 10 générations dans l'excellence de la papille ne se rend pas compte du choc gustatif que cela représente.
J'en connais même un qui commence à baver des que je pré-chauffe le four, c'est dire.)
Le fait est que c'est possible, faut dire que Le Monsieur a eu son diplôme de pizza-maker à Naples, ce qui est déjà encourageant au pays ou le standard pizzardisé, c'est du maïs bouilli, de la patate douce et des mayonnaises vertes ou violettes en guise de garniture...
Une abomination qui laisse, je vous le garantis, des séquelles à vie.
Alors donc " Golang Mulan " qui ne veut pas dire " La gondole joyeuse ", mais " Qu'est ce que c'est " en patois local est un antre tout ce qu'il y a de paradisiaque même sans les mandolines.
D'abord il y a le Maestro, invariablement charmant, plus chaleureux qu'un personnage de Pagnol.
Et qui pourtant s'affaire tellement vite qu'on croit d'abord à la présence d'hologrammes, tant il est partout, en haut, en bas et au milieu !
Le petit cadre tout mignon, aux allures de petit chalet suisse very romantico avec bougies et lumière tamisée chabada bada.
Le vin au verre (rare en Corée), un excellent Santa Rita chilien du meilleur goût.
Le prix soft, car pour cette merveille c'est environ 16 euros la big (mais jamais assez big !) pizza pour 2 personnes.
Des salades à vous demander si vous avez pas la berlue car oui de la ricota faite-maison, et des blancs de poulet marinés au balsamique puis flambés à l'ail et aux champignons frais, servis sur le plus beau mesclun (un feu d'artifice de couleurs) qui soit, c'est plus rare que les étoiles filantes dans ce pays.
Et dire que pendant ce temps-la l'équivalent US, la " Caesar salad ", c'est des vieux bouts de poulet aux hormones bouillis et racornis sur un lit de verdure lavé au chlore, et badigeonnés de mayo saturée de trans-gras premier prix...
Bref vous l'aurez compris, en cas de nostalgie de saveurs occidentales et de passage à Seogwipo, île de Jeju, c'est the place to be.
Pour y aller, fastoche c'est quartier Dong Hong Dong (comme ça se prononce), juste à côté du commissariat (police, comme ça se prononce).
Seuls les chauffeurs de taxi handicapés mentaux sévères ignorent cette adresse et ça fait pas beaucoup de monde.
Mon coup de coeur, la combinaison pizza 4 fromages avec ricota, edam, gorgonzola et comté + 1 salade au choix (toutes divines et assez copieuses pour 2) arrosé de santa Rita rouge (ya aussi du blanc).
Allez-y les yeux fermés, vous n'aurez pas envie de les rouvrir tellement les saveurs vous feront rêver.
Ce pizzaiolo est un don du ciel.
Que les Dieux de la pizza le bénisse puisque les fées l'ont déjà fait.