" Medor à la sauce gingembre "
Trois ans et demie de reflexions avant de m'atabler à l'épineux sujet...
Ce qui m'a bien laisse le temps de me documenter me direz vous, et de creuser
le" hot topic "jusqu'aux racines sulfureuses de son impopularité.
Et les racines du phénomene justement, penchons nous un peu dessus !
C'est vrai ca, pourquoi mange-t-on du chien en Corée ? tout comme en Chine, à Taiwan, au Vietnam, au Laos, à Myanmar, en Indonesie et aux Philippines ?
Explication unanime des historiens specialisés en pratiques alimentaires :
Il y a 10 millions d'années environ, l'Asie n'avait que 3 sources de " gras " à sa disposition.
Gras qui comme chacun sait , est absolument vital pour le developpement du corps humain (vue, peau et fonctionnement du cerveau).
Au Menu réduit de la carte aux protéines graisseuses on avait donc :
1.Rarement du cochon sauvage
(difficile à attraper car pas encore domestiqué).
2.Du poisson.
3. Du chien en abondance.
Et oui à cette époque antérieure à l'Anatolie et à son croissant fertile (notre actuelle Turquie) qui permit les échanges entre L'Occident et l'Orient,
les vaches, les poules, les canards, les chèvres, les lapins n'avaient pas encore mis une patte en Asie.
Leurs " produits derivés " : lait, beurre, fromage, et oeufs non plus, (bien qu'ils n'aient pas de pattes).
Autant de sources de " Gras " en moins.
Petite nuance pour certains pays d'Asie du Sud est ou il éxistaient les graisses végétales : huile de palme et de coco, mais qu'on se savait pas encore extraire et raffiner à l'époque.
C'est d'ailleurs pour cette raison, que certaines tribues d'Indonesie, de Papouasie Nouvelle Guinée et Micronésie étaient aveugles de pères en fils (carences massives en vitamine A et D).
Le chien a donc toujours fait partie du menu, particulierement chez les habitants des plaines intérieures eloignées des côtes (et des possibilités de pêche) en Chine et en Corée.
Parce que vraiment il n'y avait pas grand chose d'autres à becqueter !
On peut à ce stade se poser la question :
Et si nos aancêtres avaient élevé des chiens (qu'ils auraient eu en abondance) à la place des vaches ou poules (qu'ils n'auraient pas eu), le fait de consommer du chien nous indignerait-il autant aujourd'hui ?
Non ça nous passerait allégrement au dessus du ciboulot et aller se taper la cloche d'un ragoût de chien, ce serait comme aller manger une belle entrecôte.
Mea culpa européen :
Rappelons aussi que les Gaulois mangeaient du chien en faibles quantités (1 %).
Que les boucheries canines et félines étaient courantes (et légales) à Paris au 19 éme siècle.
La cynophagie (consommation de chien) y étaient tres répandue, particulierement pendant le siège de Paris (1870-1871) ou 480 paisiens par jour mourraient de faim.
Victor Hugo et Gustave Flaubert en parlent dans plusieurs de leurs oeuvres.
Qu'en France, la derniere, située Faubourg St Honore, a fermé ses portes à Paris en 1871.
En Allemagne, ce fut à Berlin en 1940.
Que des communautés suisses du canton de l'appentzel continuent à en manger aujourd'hui.
Notre rejet de cette consommation est ce que les spécialistes appellent :
Avoir une opinion ethno-centrée.
C'est à dire qu'en fonction de l'endroit géographique ou l'on a grandit, on rejette la pratique de celui qui vit ailleurs.
Exemple d'une opinion ethno-centrée :
" Le chien est le meilleur ami de l'homme "
Oui pour nous, mais pour des dizaines de millions d'autres d'êtres humains, c'est le singe, le kangourou, le chameau, et même le crocodile en Papouasie.
Ainsi les bouddhistes sont choqués par notre consommation de vaches/boeuf.
Les musulmans par notre consommation de porc.
Et, le saviez vous ? les coréens tout autant, par notre consommation de lapin, cheval, escargots, grenouilles et veaux !
Le coup de grâce leur est asséné quand on leur dit que les cailles aux raisins, en France...
Et n'allez pas leur raconter non plus comment on gave les oies et les canards parce que la vous allez les traumatiser pour un bout de temps.
2 éme question à méditer : Que penserions nous si les coréens venaient à critiquer de facon agressive notre consommation de ces 7 aliments ?
Quelle serait notre réponse ?
Mais qui mange du chien en Corée ?
Ce serait une erreur monumentale que de penser que dans tous les congelos du Mr Lee moyen, se cache un gigot de chien.
35 % de coréens à l'heure actuelle ont deja mangé du chien.
En large majorité, des hommes d'un certain âge.
Dans ces 35 % on trouve une majorité de curieux qui n'en ont goute qu'une seule fois (27 %).
Ce qui abaisse donc à 8 % le nombre de coréens qui en mangent régulierement.
Et quand je dis régulierement, c'est pas n'importe quand.
(Voir ci-dessous)
Quand mange -t-on du chien ?
Pour les 8 % concerné le pic de consommation , c'est pour Bok-Nal.
Soit 3 jours entre le 22 juillet et le 3 aout du calendrier lunaire chinois.
Les 3 jours les plus chauds de l'année et c'est pas par hazard.
La viande de chien est reputée énergisante, particulierement sous forme de soupe au gingembre, qui aideraient l'organisme à lutter contre les fortes temperatures.
Combien ça coûte ?
Un kilo de viande de chien coûte actuellement entre 25 et 30 E le kilo, soit 2 fois plus cher que le porc. Cela fait partie des viandes les plus chères avec le boeuf non importé.
Les préparations à base de viande de chien :
Posingtan : soupe au gingembre
Gae-Suyuk : viande grillée
Gae-soju : bouillon de viande mariné avec des herbes.
Quelle race ?
Une chien bien précis, aucun risque de voir un petit chien de compagnie (dont les coréens sont de plus en plus dingos) finir sous le gingembre de la soupette.
C'est le chien : " Jabjong "
Littéralement : " sans race, batard " en coréen.
C'est un chien assez haut sur patte, jaune, et mince.
Ou se trouvent les Marchés à chiens :
Je les connais mais ne repondrais que de facon privée à ce type de demande, histoire de bien cerner la motivation des intéressés.
A plusieurs reprises, des touristes activistes ont declenché des émeutes dans certains marchés seoulites en insultant les vendeurs qui leur ont, à leur tour, confisqué ou détruit leurs appareils photos.
Puis ils se sont fait jetté manu militari hors du marché.
Croyez moi, ce type d'action " coup de poing " n'aboutit à rien en Corée, si ce n'est à une agression mutuelle completement stérile.
Et les restaurants à chiens ?
Plusieurs se trouvent dans les grandes villes mais la majorité se situent à proximité des fermes d'élevage en campagne.
Et la loi dans tout ca ?
Officiellement il est légal de faire commerce de la viande de chien.
Mais illégal de la consommer, et illégal de tuer les chiens à des fins alimentaires depuis 1988.
Les restaurants éxistants sont donc tous clandestins, mais jouissent de larges tolérances pour leur activité.
Les pratiques révoltantes d'élevage et de mise à mort :
Voila pour moi tout le noeud du problème.
Je ne suis ni pour ni contre le fait qu'on mange du chien. Je n'en ai jamais mangé, je ne pense pas le faire un jour, mais le fait que cette consommation éxiste ne me géne pas outre mesure.
Ce qui est inacceptable, horriblement cruel, absolument et définitivement à combattre c'est les conditions d'élevage et d'éxécution de certains chiens.
Pas tous, mais ceux dont il est question sont épouvantablement en trop.
Pour faire simple sans trop choquer la sensibilité ni voiler la vérité :
Pour certains, je répète pas tous, les animaux sont maintenus dans des cages parfois minuscules, complètement entassés les uns sur les autres.
Certains " bouchers-éleveurs " leur coupent (sans anesthésie) les cordes vocales et leurs crevent les tympans à l'age de la petite enfance. Un chien sourd ou sans cordes vocales n'aboiera pas. Ce qui limite les nuisances sonores provoquées par ces " élevages ".
Le chien n'est plus battu à mort comme ca se faisait par le passé (procédé odieux qui était sensé rendre la viande plus tendre), il meurt pendu à l'aide d'un collier métallique accroché en hauteur à une perche, sous les yeux des autres, bien vivants, qui attendent leur tour.
On brule alors les poils de l'animal au chalumeau sans atteindre parfois qu'il soit complé tement mort.
Ces pratiques sont véritables.
Et elles sont tant attroces que condamnables.
La solution pour mettre un terme à ces immondes tueries, ce n'est certainement pas ce qu'a fait notre Brigitte Bardot nationale en 2002 : accuser les coréens en direct sur une TV nationale à heure de grande écoute, " d'etre une nation de barbares, composée de sous-humains qui ne mérite pas le statut de pays évolué ".
Compliment que pourraient tout à fait nous retourner les coréens avec notre consommation de lapins. Ce qu'ils n'ont jamais fait malgré leur immense dégout.
Notre Bri-Bri en une seule phrase, a reussi à créer un incident diplomatique France-Corée.
C'est tout le pays qui en a parlé, tous les médias.
On a ouvert des forums pour parler de " La sorciere du Moyen-age " (son surnom).
Des societés francaises basées en Corée ont recues des menaces, des appels anonymes.
Et pour calmer les tensions pendant les JO, on a rebaptisé les restaus à chien, restaus à canard à la capitale ( belle avancée puisqu'ils ont continué à servir du chien !).
LA SOLUTION :
La seule methode, serait de légaliser et légiferer entierement ce commerce, de l'élevage à l'assiette.
Puisque de toute facon il aura toujours lieu clandestinement avec toutes les dérives que cela suppose.
Car à cette seule condition, les controles sanitaires seraient obligatoires, les conditions de vie et d'abbattage inspectées, et l'on pourrait punir séverement tous les responsables de mauvais traitements.
De plus il y aurait une garantie qualité pour le consommateur qui pour l'instant ne sait absolument pas si ce qu'il mange est sain (flou total quand aux médicaments et hormones de croissance administrées, et quant à la nature de l'alimentation des animaux).
Avant la fin de l'année on devrait enfin voir apparaitre les premières réglementations et c'est pas trop tôt.
A lire : l'excellente étude sur la question du CDLB
Avec photos des dernieres boucheries canines d'Europe :
http://www.cdlb.org/viandechien.htm