Le pays des matins pas si calmes que ça ...

Après 12 heures de vol (c'était marrant de voir le soleil se lever une demie heure après qu'il se soit couché), nous sommes enfin arrivés dans cette contrée lointaine.
La Corée du sud compte 50 millions d'habitants (dont 11 résident à Seoul), sa surface correspond à 1/5 ème de la France, et elle est très fière de son explosion technologique et industrielle qui a démarré en 1980. Il y a de quoi quand on considère qu'avant 1955 (période de la sanglante domination japonaise), ce pays faisait encore partie du Tiers Monde.

C'est là que nous allons vivre James et moi après un mariage express et haut en couleurs en France.
Comme lune de miel la Chine ou le Japon aurait été plus élégant mais c'est ici que James a trouvé ce poste d'enseignant.

Des la sortie de l'aéroport, le 29 septembre 2007, je me suis crue dans un manga géant.
A croire qu'ici, ils achètent les enseignes lumineuses au poids.
Même les néons des églises sont en néons rouges clignotants. Je n'ose pas imaginer à quoi ressemble le Christ sur sa croix, déguisé en Star Tek avec des oreilles en gyrophare peut-être ? 

Les rues ne sont pas belles. A la campagne comme à la ville, le béton, les couleurs agressives et la grisaille sont très équitablement répartis.

 

On ne distingue pas de maisons d'habitation dans les centres ville. Juste des enfilades de magasins uniformisés.
Ça casse pas 3 pattes à un canard ! même laqué.

Mais il habitent ou les gens ?
La villa indépendante avec vue sur mer ou la propriété sur son joli terrain boisé, sont des perspectives qui ne traversent pas l'esprit du coréen, même par jour de grand vent.

Toutes ces belles demeures, lui il s'en fout royalement. Ce qui compte c'est de vivre dans une cage à lapin bien grisouille en périphérie des villes, avec un confort démentiel dans la cuisine. 
                                                                  En résume, plus c'est carré et plus c'est gris, plut il bat des mains.                                                                                            
Mais parlons un peu de Sang ju, la ville ou nous vivons, heureux que nous sommes d'avoir échapper à l'enfer seoulien. Elle est située dans la province de Gyeongbuk-Do au centre du pays.

Pour être calme, c'est calme. Au niveau culturel c'est le néant. Pour les amateurs de vie trépidante, Sang ju c'est la frustration assurée. Mis à part les temples grandioses et un café extraordinaire dont je parlerai plus tard, il n'y a qu'une seule chose à faire, MANGER DU KAKI SÉCHÉ !!! la spécialité locale.

 

Le drame, c'est qu'on peut pas manger du kaki 24 heures sur 24.

Cependant il règne ici comme ailleurs une grande agitation dans les rues et ce, des 6 heures du matin.
En gros il ne se passe rien mais ça bouge dans tous les sens.                
L'explication est simple, les coréens ne savent pas se déplacer à pied sans faire un 100 mètres.

Bref tout ici semble réunis pour qu'on se sente très très loin de chez nous.
A commencer par les vendeurs de rue (partout, partout) spécialisés dans la rubrique grignotages divers.

                         BON APPETIT !!!                                              

Dans l'ordre de l'apparition des photos suivantes :

Les fameux " Bontegi " : cocons de vers à soie bouillis avec le ver à l'intérieur.
Et encore ça. Les criquets grillés. Le plus dur étant de faire passer les antennes sans tousser.
Et encore ça. Des oeufs durs sous vide.
Et aussi ça. Du poulpe cru fraîchement tué.

  

  

  

 

Et le nec plus ultra... De la grenouille séchée.                       

Mais je vous rassure, il y a aussi ça :

(Dans l'ordre : brochettes de porc au caramel, Pâte à beignet cuite dans un court-bouillon de poisson, brochettes de viande, d'ail et de haricots de soja)

 

Quand les coréens ne travaillent pas (en moyenne 50 heures/semaine), et qu'ils ne dorment pas, ils MANGENT !!!.
Contrairement aux idées reçues, c'est pas croyable ce qu'ils peuvent ingurgiter.
Minimum 5 de ces petits encas tous les jours en dehors des repas.
Et avec ça ils ne prennent pas le milligramme du kilo qui à moi, me sauterait sur chaque fesse si je me mettais à boulotter comme eux.

Faire un 34 de taille pantalon est aussi banal que de s'appeler Marie-Christine chez nous.
Faire un 38 est un signe évident de laisser aller.    

Je fais un 36, je suis donc à mi chemin entre la banalité et la grosse  dondon.

Mais ma première réelle découverte a eu lieu 3 jours après notre arrivée.
Les coréens sont incroyablement plus efficaces que nous. Ils ne perdent pas 107 ans à se demander comment faire.
Ils font et c'est tout. C'est bête mais ça change tout.

Un exemple précis : 
Nous avons emménagé dans un appartement vide. C'est bien les plaques vitro céramiques dernier cri et la lumière à déclenchement cellulaire, mais une chaise pour s'asseoir c'est pas mal non plus.                                        
Les meubles devaient arriver plus tard.
Voulant faire ma bonne fille j'ai pas trop ronchonné quand il a fallut dormir par terre.
Mais au matin de la 3 ème nuit, une de mes vertèbres avait viré au bleu et James avait un début de lumbago. Il fallait agir.
Avec mon meilleur coréen de chez Assimil j'ai risqué un petit : " meubles, quand ? ".
Une heure plus tard, un commando livraison express déboulait chez nous ventre à terre.
En exactement 15 minutes, ils ont porté, installé nos meubles, branché et balayé le sol avant de nous quitter toujours en courant et nous avoir au moins salué 20 fois jusqu'aux genoux.
J'en suis restée comme 2 ronds de flan à la farine de riz.

Et voila le travail !

 
Allez donc faire faire la même chose à un livreur de chez Conforama ! 

Ma deuxième réelle découverte est que les coréens sont infiniment plus délicats et mieux élevés que nous. Non pas qu'on les ait mieux éduqué que l'européen lambda. La différence c'est qu'on a pas eu à les éduquer.
C'est génétique, ils naissent avec l'envie d'être courtois et respectueux comme nos bébés à nous avec celle de mouiller leurs couches.
Ils sont auto-codifiés pour la politesse.

Quelques portraits des petits prodiges..

Ainsi lorsqu'on pénètre dans un restaurant ou à la supérette du coin, on a droit à la haie d'honneur du personnel. Exactement comme si vous étiez Toutankhamon tout juste sortit de sa pyramide pour leur rendre visite. 

Au début, j'ai presque eu pitié. Surtout à cause des uniformes dans les supermarchés. Je me suis longuement demandé pourquoi on avait juger bon d'affubler le personnel de gilets rayés rouges et blancs avec des gros noeuds turquoises bien froufrouteux autour du cou. N'importe quel yorkshire préférerait se suicider plutôt que de porter ça. Pour qu'on les repère mieux à coté des sushis et des sachets de wasabi ?   

Jusqu'au jour ou j'ai croisé ma voisine de palier avec son micro-chien, de l'heureuse race qu'ici on ne mange pas. Il avait les oreilles teintes en orange fluo. Ce qui lui donnait une tête de peluche de foire, version remuante.

La vie est trop courte pour s'habiller triste...

J'ai compris que nos critères de beauté n'étaient pas les leurs.
Et qu'une choucroute de noeuds bien tarte en Europe pouvait s'avérer être ici du meilleur effet. A ce point d'ailleurs que des noeuds, ils en mettent partout. Sur les bas en laine qui s'arrêtent au dessus du genou (avec un short et des talons aiguilles ça vaut le détour), sur les chemisiers façon nurse anglaise des années 80, sur les gants, sur les chaussures, sur les porte-clés, en Corée vive le noeud !
Si elles le pouvaient, les coréennes s'en feraient avec les oreilles !

Mais revenons à ma haie d'honneur, toute rayée et tout sourire.
Après le bonjour dit en choeur, Annyeong asseo ! j'ai droit au salut réglementaire. Les coréens n'ont pas mal aux reins c'est moi qui vous le dit.           

Impossible de passer inaperçu en faisant ses courses. Et tant pis pour vous si vous êtes coiffé comme un lave pont avec un teint de pétoncle.
On ne badine pas avec les civilités d'usage dans la 11 ème puissance économique mondiale.

Et là d'un coup, vous réalisez que c'est sur, vous êtes vraiment très loin de chez vous.

 

Comments

[pierroro]

J'aime bien visionner les sites de voyageurs et généralement je fais parvenir quelques mots pour les en féliciter......mais suite au (à un premier visionnement car je l'ai placé dans mes favoris) visionnement de votre site, je ne sais quoi dire, quoi ajouter...je suis renversé. Tout simplement "écoeurant"! (c'est québécois).